DENIS DIDEROT

Publié le par N.L. Taram

DiderotDenis Diderot, né le 5 octobre 1713 à Langres et mort le 31 juillet 1784 à Paris, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français.

 

Diderot est reconnu pour son érudition, son esprit critique et un certain génie. Il laisse son empreinte dans l'histoire de tous les genres littéraires auxquels il s'est essayé : il pose les bases du drame bourgeois au théâtre, révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste, invente la critique à travers ses Salons et supervise la rédaction d'un des ouvrages les plus marquants de son siècle, la célèbre Encyclopédie. En philosophie également, Diderot se démarque en proposant plus de matière à un raisonnement autonome du lecteur plutôt qu'un système complet, fermé et rigide. Rien en fait ne représente mieux le sens de son travail et son originalité que les premiers mots de ses Pensées sur l'interprétation de la nature (1753) :

 

« Jeune homme, prends et lis. Si tu peux aller jusqu'à la fin de cet ouvrage, tu ne seras pas incapable d'en entendre un meilleur. Comme je me suis moins proposé de t'instruire que de t'exercer, il m'importe peu que tu adoptes mes idées ou que tu les rejettes, pourvu qu'elles emploient toute ton attention. Un plus habile t'apprendra à connaître les forces de la nature; il me suffira de t'avoir fait essayer les tiennes. »

 

Mal connu de ses contemporains, éloigné des polémiques de son temps et des conventions sociales, mal reçu par la Révolution, il devra attendre la fin du XIXème pour recevoir enfin l'intérêt et la reconnaissance de la postérité dans laquelle il avait placé une partie de ses espoirs.

 

Denis Diderot. (2012, avril 17). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 06:13, avril 19, 2012 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Denis_Diderot&oldid=77786242.

 

 

Diderot Bougainville

Supplément au Voyage de Bougainville

 

Présentation de l'éditeur

En 1768, Bougainville est le premier explorateur ' français à faire le tour du monde. Sa découverte de Tahiti, cette île du bout du monde aux vahinés impudiques, paradis perdu où le péché n'existe pas encore, enchante Diderot. Le mythe du bon sauvage est devenu réalité. Comme Rousseau, il croit à l'innocence première de l'être humain et rêve d'une société idéale. Le récit du navigateur lui inspire le dialogue philosophique le plus savoureux, le plus réfléchi et le plus audacieux, peut-être, de toute son œuvre. " Enfants de la grande famille humaine, aidons-nous les uns les autres. Mettons notre bonheur à faire le bonheur de tous. " Au sujet de la nature, de la propriété, de la sexualité, jamais on n'aura parlé avec plus de sagesse, de liberté et d'humour.

 

Extrait :

 

Chapitre 3 : Entretien de l’aumonier et d’Orou

 

Dans la division que les Otaïtiens se firent de l'équipage de Bougain­ville, l'aumônier devint le partage d'Orou. L’aumônier et l'otaïtien étaient à peu près du même âge, trente-cinq à trente-six ans. Orou n'avait alors que sa femme et trois filles appelées Asto, Palli et Thia. Elles le déshabillèrent, lui lavèrent le visage, les mains et les pieds, et lui servirent un repas sain et frugal. Lorsqu'il fut sur le point de se coucher, Orou, qui s'était absenté avec sa famille, reparut, lui présenta sa femme et ses trois filles nues et lui dit :

Tu as soupé, tu es jeune, tu te portes bien ; si tu dors seul, tu dormiras mal : l'homme a besoin, la nuit, d'une compagne à son côté. Voilà ma femme, voilà mes filles, choisis celle qui te convient ; mais si tu veux m'obliger, tu donneras la préférence à la plus jeune de mes filles qui n'a point encore eu d'enfants. La mère ajouta: Hélas ! je n'ai pas à m'en plaindre, la pauvre Thia ! ce n'est pas sa faute.

 L’aumônier répondit que sa religion, son état, les bonnes mœurs et l'hon­nêteté ne lui permettaient pas d'accepter ses offres.

Orou répliqua :

Je ne sais ce que c'est que la chose que tu appelles religion mais je ne puis qu'en penser mal, puisqu'elle t'empêche de goûter un plaisir innocent auquel nature, la souveraine maîtresse, nous invite tous ; de donner l'existence à un de tes semblables ; de rendre un service que le père, la mère et les enfants te demandent ; de t'acquitter envers un hôte qui t'a fait un bon accueil, et d'enrichir une nation en l'accroissant d'un sujet de plus. Je ne sais ce que c'est que la chose que tu appelles état ; mais ton premier devoir est d'être homme et d'être reconnaissant. Je ne te propose pas de porter dans ton pays les mœurs d'Orou, mais Orou, ton hôte et ton ami, te supplie de te prêter aux mœurs d'Otaïti. Les mœurs d'Otaïti sont-elles meilleures ou plus mauvaises que les vôtres ? c'est une question facile à décider. La terre où tu es né a-t-elle plus d'hommes qu'elle n'en peut nourrir ? en ce cas tes mœurs ne sont ni pires ni meilleures que les nôtres. En peut-elle nourrir plus qu'elle n'en a ? nos mœurs sont meilleures que les tiennes. Quant à l'honnêteté que tu m'objectes, je te comprends : j'avoue que j'ai tort et je t'en demande pardon. Je n'exige pas que tu nuises à ta santé ; si tu es fatigué, il faut que tu te reposes, mais j'espère que tu ne continueras pas à nous contrister. Vois le souci que tu as répandu sur tous ces visages. Elles craignent que tu n'aies remarqué en elles quelques défauts qui leur attirent ton dédain. Mais quand cela serait, le plaisir d'honorer une de mes filles entre ses compagnes et ses sœurs et de faire une bonne action ne te suffirait-il pas ? Sois généreux.

L'AUMONIER - Ce n'est pas cela ; elles sont toutes quatre également belles. Mais ma religion ! mais mon état !

 

La suite…… sur le livre :

 

Diderot Amazon 

 

 

Quelques citations sur la religion :

 

« Jamais aucune religion ne fut aussi féconde en crimes que le christianisme ; depuis le meurtre d’Abel jusqu’au supplice de Calas, pas une ligne de son histoire qui ne soit ensanglantée. » Diderot, Salon de 1763.

 

« Si la raison est un don du Ciel et que l'on puisse en dire autant de la foi, le Ciel nous a fait deux présents incompatibles et contradictoires. » Diderot Pensées philosophiques, 1746.

 

« Cette religion étant, à mon sens, la plus absurde et la plus atroce dans ses dogmes ; la plus inintelligible, la plus métaphysique, la plus entortillée et par conséquent la plus sujette à divisions, sectes, schismes, hérésies ; la plus funeste à la tranquillité publique, la plus dangereuse pour les souverains par son ordre hiérarchique, ses persécutions et sa discipline ; la plus plate, la plus maussade, la plus gothique et la plus triste dans ces cérémonies ; la plus puérile et la plus insociable dans sa morale considérée, non dans ce qui lui est commun avec la morale universelle, mais dans ce qui lui est propre et ce qui la constitue morale évangélique, apostolique et chrétienne ; la plus intolérante de toutes. » Diderot, Lettre à Viallet de juillet 1766.

 

Publié dans Littérature, Histoire

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