LOUISE MICHEL
Louise Michel
1830-1905
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Elle n'est plus qu'avec quelques combattants à tenir une barricade, Elle réussit à s'échapper, mais se livre ensuite afin de libérer sa mère arrêtée à sa place, et menacée d'être exécutée. Elle est incarcérée à la prison de Satory. Elle a 41 ans.
Au début, elle manque plusieurs fois d'être fusillée. Elle subit
différents interrogatoires et fait la ronde des prisons, Satory, Versailles, Arras. Son ami-amour, Théophile Ferré est fusillé. Le 16 décembre 1871 elle passe en jugement devant le 6ème Conseil
de guerre. Elle refuse d'être défendue, assume son rôle dans la Commune, revendique son engagement révolutionnaire. Elle est condamnée à la déportation à vie, en Nouvelle-Calédonie. Elle reste
deux ans dans les geôles françaises, côtoyant d'autres communards, avant d'embarquer sur le Virginie, le 28 août 1873, à destination de Nouméa. Elle est en compagnie de Nathalie Lemel, et sur le
bateau rencontre Henri Rochefort, célèbre polémiste.
Arrivée, en Nouvelle-Calédonie, avec sa compagne Nathalie Lemel, elle refuse tout traitement de faveur. Elle va vivre cet exil de manière positive, à travers l'écriture sous toutes ses formes (Les contes canaques, etc.), s'intéressant à la faune, à la flore, menant des expériences scientifiques, faisant de la broderie. En mai 1875, avec d’autres femmes, elle est transférée dans la Baie de l'Ouest. Elle découvre la culture kanake aux côtés de Daoumi, mélanésien travaillant dans l'enceinte fortifiée. Elle apprend la langue, les chants, les légendes, les rites, et consigne tout dans ses carnets. En retour, elle leur apprend à lire, à écrire le français et leur donne même des cours de musique. Elle met au point une nouvelle méthode de lecture et d’écriture à l’aide de lettres mobiles. Parmi les communards, elle est l'une des rares à soutenir la révolte kanake en 1878, certains déportés prenant même part à la répression. Pour stopper l'insurrection, les forces coloniales mettent le feu à la forêt, entraînant la mort de nombreux Kanaks. Louise aurait fait parvenir au chef de la rébellion, Ataï, un morceau de son écharpe rouge de la Commune.
En 1879, sa peine est commuée en déportation simple. Elle peut s'installer à Nouméa et reprendre l'enseignement auprès des enfants de déportés. Le maire, Simon, qui l'apprécie, lui confie les cours de dessin et de musique à l’école normale de filles. Durant ce séjour, elle noue aussi des relations avec des insurgés algériens, déportés eux aussi. En juillet 1880, une loi d'amnistie est votée en faveur des déportés communards au terme d'une longue campagne à laquelle avaient participé notamment Clemenceau et Victor Hugo. Ils peuvent revenir en métropole.
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Chant des captifs
Ici l'hiver n'a pas de prise,
Ici les bois sont toujours verts
;
De l'Océan, la fraîche brise
Souffle sur les mornes déserts,
Et si profond est le silence
Que l'insecte qui se balance
Trouble seul le calme des airs.
Le soir, sur ces lointaines plages,
S'élève parfois un doux chant :
Ce sont de pauvres coquillages
Qui le murmurent en s'ouvrant.
Dans la forêt, les lauriers-roses,
Les fleurs nouvellement écloses
Frissonnent d'amour sous le vent.
Voyez, des vagues aux étoiles,
Poindre ces errantes blancheurs !
Des flottes sont à pleines voiles
Dans les immenses profondeurs.
Dans la nuit qu'éclairent les mondes,
Voyez sortir du sein des ondes
Ces phosphorescentes lueurs !
Viens en sauveur, léger navire,
Hisser le captif à ton bord !
Ici, dans les fers il expire :
Le bagne est pire que la mort.
En nos cœurs survit l'espérance,
Et si nous revoyons la France,
Ce sera pour combattre encor !
Voici la lutte universelle :
Dans l'air plane la Liberté !
A la bataille nous appelle
La clameur du déshérité !...
...L'aurore a chassé l'ombre épaisse,
Et le Monde nouveau se dresse
À l'horizon ensanglanté !
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Extrait des Mémoires de Louise Michel (1830-1905).