« POUR LA GRANDEUR DE LA FRANCE »
Après l’armée française surnommée « la grande muette », voici l’état français « le grand muet »…
Papeete, le lundi 3 octobre 2011
Les emplois fictifs et les silences de l’état
Celui qui a défendu sans faiblir la présence de l’état et l’innocuité des essais nucléaires tombe de haut : 4 ans de prison ferme. Il fera appel. Au-delà de la sentence, on retiendra qu’il aura fallu bien du temps à l’état pour réagir et poursuivre les auteurs et bénéficiaires de cette incroyable saga.
Les emplois fictifs ont été dénoncés en 1995 et ont donné lieu à une plainte, restée sans suite, qui a été relancée en 2000. Entre 550 et plus de 600 personnes selon les années ont bénéficié de ces largesses et le budget de la présidence éclatait jusqu’à 2, 5 milliards par an jusqu’en 2004-2005. Une énorme gabegie, sous les yeux de tous et en premier lieu ceux de l’état. Mais l’état a laissé faire, au nom de ses intérêts supérieurs.
Ces emplois dits fictifs ont pour la plupart effectivement travaillé, avec de très bons salaires. Mais ces élans de générosité du pouvoir n’étaient pas désintéressés. Pendant toutes ces années les heureux bénéficiaires et leurs familles ont bien voté.
Aujourd’hui, les intérêts supérieurs ont changé et la justice se secoue courageusement d’une trop longue somnolence. Les peines sont connues, certaines conduisent jusqu’à la prison et pour de nombreux élus, locaux comme nationaux, les sanctions s’accompagnent de la perte des droits civils, civiques et de famille. C’est le gotha du grand Tahoeraa Huiraatira qui s’écroule et se fait ravaler au rang des mauvais faits divers. Une page qui se tourne douloureusement et touche le pays tout entier.
Si les intérêts supérieurs de l’état ont irradié et tué, réduit ces miracles de la nature qu’étaient les atolls en poubelles nucléaires géantes, ils ont aussi gravement contaminé les esprits. La corruption est une maladie hautement contagieuse : visible, sournoise et violente, elle se glisse partout. Messieurs du Palais, Messieurs les représentants de l’état, l’exemple n’a pas été donné, ni le devoir rappelé, le mal est fait, la sanction arrive trop tard. Par votre silence vous partagez largement la responsabilité des faits qui sont reprochés à ces Polynésiens, mais sans en endurer la peine. Il est bien commode le statut d’expatrié, c’est une virginité retrouvée à chaque changement de poste.
Car : 2232