Paul Verlaine
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7 janvier 1896
Mort du poète français Paul Verlaine
À travers ses fiançailles avec Mathilde Mauté, Verlaine croit trouver un "vaste et tendre apaisement"; les poèmes de "La Bonne Chanson" (1870) manifestent une inspiration heureuse et chantent l'espoir d'une vie "simple et tranquille". Sa rencontre avec Rimbaud (septembre 1871) va ruiner tous ses projets: leur vie commune à Paris, en Belgique puis à Londres est faite d'une succession de disputes, de séparations et de retrouvailles tumultueuses. Pour avoir tiré deux coups de revolver sur son ami, Verlaine est emprisonné à Mons durant deux ans. "Romances sans paroles" (1874) qui appelle au pardon de Mathilde, évoque la vie du poète avec "l'époux infernal", Rimbaud. Bien qu'ayant opéré, peu avant sa libération, une conversion qui l'incite au repentir ("Sagesse", 1874 à 1880), malgré une notoriété grandissante, Verlaine, séparé de Mathilde, s'adonnant à la boisson, connaîtra à sa sortie de prison une existence précaire jusqu'à sa mort, survenue le 7 janvier 1896.
Toute grâce et toutes nuances
Dans l'éclat doux de ses seize ans,
Elle a la candeur des enfances
Et les manèges innocents.
Ses yeux, qui sont les yeux d'un ange,
Savent pourtant, sans y penser,
Eveiller le désir étrange
D'un immatériel baiser.
Et sa main, à ce point petite
Qu'un oiseau-mouche n'y tiendrait,
Captive sans espoir de fuite,
Le coeur pris par elle en secret.
L'intelligence vient chez elle
En aide à l'âme noble ; elle est
Pure autant que spirituelle :
Ce qu'elle a dit, il le fallait
Et si la sottise l'amuse
Et la fait rire sans pitié,
Elle serait, étant la muse,
Clémente jusqu'à l'amitié,
Jusqu'à l'amour - qui sait ? peut-être,
A l'égard d'un poète épris
Qui mendierait sous sa fenêtre,
L'audacieux ! un digne prix
De sa chanson bonne ou mauvaise !
Mais témoignant sincèrement,
Sans fausse note et sans fadaise,
Du doux mal qu'on souffre en aimant.