9e JAZZ FESTIVAL NÎMES

Publié le par N.L. Taram

(code recherche : MUSJAZ)

LES ARÈNES DE NÎMES 

(reprise d'un article du 18 juillet 2012)

Heureusement il n’y a pas que des corridas dans les arènes de Nîmes…

 

9e  INTERNATIONAL JAZZ FESTIVAL

 

Depuis le 1er Festival de Jazz en 1976 jusqu'en 1983 pour le 8ème Festival, les arènes de Nîmes ont accueilli dans la 2ème semaine de Juillet près de 150 000 spectateurs et plus de 1 200 musiciens : américains, européens et français.

 

Dans la mémoire des festivaliers, quelques concerts inoubliables : SUN RA en 76, MINGUS en 77, MC COY TYNER Sextet en 78, SONNY ROLLINS en 79 et j'en passe mais non des moindres ...

Un festival de jazz dans une région de vacances ne touche pas seulement les amateurs avertis. Certains noms à l'affiche et les arènes s'emplissent de la piste aux gradins les plus hauts, d'une foule hétérogène, mais souvent unanime dans ses réactions. Car, justement, notre souci primordial a été et reste d'améliorer d'année en année cette manifestation et de l'ouvrir à un plus large public sans qu'aucun à priori (forcément négatif) n'intervienne, et que chacun, de quelque niveau social qu'il soit, se sente appelé à partager le même plaisir.

 

Le festival, un festival pour tous ... sans pour autant, bien entendu, tomber dans les démagogiques «kermesses» ou les dites «fêtes populaires». Car l'authentique volonté de qualité dans la programmation appelle notre manifestation à une tenue loin d'être négli­geable, encore que nous ne cherchions pas à nous prendre trop au sérieux, car si l'organisation doit faire face aux réalités fluctuantes de la programmation, le public lui aussi sait manifester son sens critique, que ce soit dans le sens négatif de la déception avouée ou dans le sens positif de l'enthousiasme, le plus souvent heureusement. Et il est important de constater que ce public de Nîmes, petit à petit s'est réellement éduqué si l'on peut dire, et l'on sait combien compte l'échange «public/musiciens» pour des prestations dépassant la routine. Bref, hasards et déceptions ont fait partie, et feront encore partie de la fête, mais il reste surtout les «grands moments», les creusets où se nouent les grands événements musicaux !

Cette année 1984, pour le 9ème International Jazz Festival de Nîmes, la programmation d'ores et déjà amène de nombreuses ques­tions. En effet, comment peut-on continuer, disons «sauver» ce festival, qui financièrement doit faire face à de nombreux problèmes inhérents d'ailleurs à toute manifestation de ce type, à plus ou moins grande échelle cependant ? Nous n'entendons ni baisser les bras, ni compromettre notre organisation.

C'est donc dans les choix consciencieux de la programmation que notre effort porte particulièrement cette année. Ainsi, pour atteindre un public réellement élargi, il a fallu jouer à la fois très fort la carte des musiciens internationaux de qualité et de prestige considérables et, moins souvent que précédemment mais peut-être plus efficacement, la carte ouverte et blanche des musiciens français, qui pourront se faire entendre, et nous le croyons, apprécier d'un auditoire vraisemblablement plus vaste.

GUY-J. LABORY 

 

 

                 

FREDDIE HUBBARD ALL STARS

 

Freddy Hubbard, trompette

Joe  Henderson, saxo ténor

Michel Petrucciani, piano

Larry Corryel, guitare

Bister William, basse

Billy Hart, drums

 

Frederick Dewayne Hubbard est né le 7 Avril 1938, dernier enfant dune famille de six, qui en des temps très difficiles, lui laissera toujours sa chance pour pratiquer son instrument. Il casse successivement son cor en Mi bémol, son trombone, son tuba, se fait renvoyer de l'Indiana Central Collège où il étudie le cor anglais, renvoie le cor anglais pour s'attacher à la trompette, qu'il ne quittera plus, et s'inscrit pour cela au Jordan Collège où l'on enseigne son instrument. Il se fait renvoyer : pour pratique jazzistique excessive.

De Miles Davis qui lui laisse alors sa chance chez Blue Note Records, à son ré­cent album chez Columbia, «Skagly», on peut dire que Freddie HUBBARD a fait du chemin ... et encore beaucoup de bruit. On l'a retrouvé aux côtés d'Art PEPPER et Stanley CLARKE, de Richie COLE au sein de la prestigieuse formation VSOP, avec COLTRANE, Omette COLEMAN, entouré de Herbie HANCOCK, Wayne SHORTER, Ron CARTER et Tony WILLIAMS...

S'il a rapidement su trouver son style, en accord avec sa personnalité, musclé et mélodique, un style qu'on a pu qualifier de «hard-bop», c'est dans les années 70 qu'il conquiert définitivement son public, au moment précisément de son album «Red Clay», qui consacre l'intrusion de rythmes rocks dans le jazz, toujours sou­tenus par une inspiration profonde, aux racines noires. Il se permet en effet toutes les insolences : celle d'utiliser l'électro­nique, celle de faire de la bonne musique, et parfois de la commerciale ... On l'adore et il exaspère. Il bouscule et on l'adore.

Aujourd'hui, au faîte de sa carrière et de ses moyens, Freddie HUBBARD nous laisse cependant penser que son expres­sion garde encore beaucoup à puiser dans une imagination débordante, et que lors­qu'il saura maîtriser ses ressources aussi bien que le sont aujourd'hui ses référen­ces, on aura la confirmation de reconnaî­tre en lui l'égal des tout premiers, à la joie extraordinaire.

 

DIZZY GILLESPIE ALL STARS

 

Slide Hampton, trombone

Kenny Burrel, guitare

Walter Davis Jr, piano

Jimmy Woode, basse 

James Moody, saxo alto & ténor

Nazi Addul Al Khabyyr, drums

 

John Birks Gillespie, surnommé «Diz­zy», trompettiste, auteur de thèmes, arrangeur et chef d'orchestre noir améri­cain, est né à Cheraw, Caroline du Sud, le 21 Octobre 1917.

A quinze ans, il commença à étudier sérieusement la trompette, en marge de l'école industrielle où sa mère, devenue veuve, l'avait inscrit. Celle-ci s'étant ins­tallée en 1937 à Philadelphie, c'est là que la même année, le jeune homme fit ses dé­buts professionnels, dans l'orchestre de Frank Fairfax, aux côtés de Charlie Sha-vers.

De chez Teddy Hill, Dizzy Gillespie passa, en 1939, chez Cab Calloway, dont il fut pendant deux ans l'un des princi­paux solistes.

Dizzy Gillespie fit partie de quelques-uns des orchestres les plus réputés à la veille et au début de la guerre : on le vit chez Ella Fitzgerald, Benny Carter, Char-lie Barnet, Les Hite, Lucky Millinder et, enfin, en 1943, chez Earl Hines.

En 1945, avec les premiers disques publiés sous son nom chez Guild :Blue'n Boogie, Groovin' High, Shaw Nuff, Sait Peanuts, Hot House, etc., vient la célé­brité. La bataille se déchaîne dans les mi­lieux du jazz, entre partisans et adver­saires acharnés du «be-bop».

Après la dissolution de l'orchestre (1950), Dizzy Gillespie réorganise une petite formation sans grande originalité.

En 1956, Gillespie réorganise son grand orchestre et se rend en Extrême-Orient. A partir de 1958, il revient à la petite for­mation. Il semble toutefois que, contrai­rement à Louis Armstrong, Dizzy Gilles­pie n'ait pu conserver la faveur populaire qu'il a connue de 1945 à 1950.

Le personnage de clown sympathique que Dizzy Gillespie joue volontiers à la scène, et quelquefois à la ville, dissimule, aux yeux du public, la véritable nature de l'homme : celle d'un artiste conscient et organisé. Les gags, les saillies, les petites danses extatiques qu'affectionne le Dizzy «showman» sont une façade révélatrice, peut-être, d'un certain aspect cynique et porte à la dérision de sa personnalité : la maîtrise instrumentale, le sens rigoureux du tempo, le contrôle de l'orchestre dont fait preuve en toute occasion le Dizzy musicien montrent bien que sous le pitre en action, le technicien reste éveillé.

Dizzy Gillespie a élevé la facture du solo de trompette à un niveau jusqu'à lui inconnu dans le jazz.

André HODEIR (Casterman 1971 )

 

ALL STARS

 

Arthur Blythe, saxo alto

Chico Freeman, saxo ténor

Don Cherry, trompette

Cecil Mac Bee, basse

Don Pullen, piano

Don Moye, drums

 

Ce « All Stars » réunit six virtuoses. Le terme n'est pas très « branché » mais dans leur cas, il est bien réel. Arthur Blythe a rassemblé pour cette tournée  européenne la fine fleur d'une génération de musiciens qui après l'aventure « free » a remis en valeur une certaine forme de classicisme.

Dimanche soir, ils ont donné le deuxième grand concert de ce Festival après celui de Mile Davis.

Une musique riche tout à fait caractéristique du phénomène « jazz ». Fidèles à une certaine tradition ces musiciens élargissent leur champ d'inspiration en direction de l'Afrique ou de l'Amérique du Sud. Une démarche qui n'a rien de neuf.. Mais dimanche soir ce mélange paraissait si évident si peu contre nature qu'il propageait une houle de plaisir sur les arènes. Objectif atteint pour Arthur Blythe qui a dit dans une interview : «J'ai choisi de présenter le côté joyeux du jazz. Le jazz sans pleurs ».

….

Didier LEVREAU

 

B.B. KING

 

B.B. King, chanteur et guitariste, est sans doute le plus grand artiste de blues de l'époque moderne. Doté d'une voix bien timbrée, puissante et impérieuse, il puise la richesse de son chant dans un subtil alliage de musique religieuse et de blues urbain. Son style vocal fervent est servi par une diction impeccable et chaque effet est parfaitement contrôlé. Son jeu de guitare est un prolongement naturel de son chant. Mordant et pathétique, il s'allie à une sonorité ronde et pleine, et emploie judicieusement les notes allongées. Sa conception du rythme est résolument novatrice par son élasticité. B.B. King a revitalisé le blues et possède une longue lignée de disciples, parmi lesquels figurent Buddy Guy et Little Joe Blue.

J.C. ARNAUDON (Dictionnaire du Blues)

 

MILES DAVIS donne le « blues » aux arènes

 

Bob Berg, saxo ténor & soprano

John Scofield, guitare

Bobby Irving, clavier

Darryl Jones, basse

Al Foster, drums

Steve Thornton, percussion

 

(extrait de Midi Libre du 20 juillet 1984)

 

Par pudeur ou par modestie, il faudrait ne rien ajouter à un concert de Miles Davis. A la dernière note tout est dit. Le reste, les mots — écrits ou dits — prennent le risque de n'être que de vulgaires redondances. Une phrase ne pèse pas lourd face à la pureté d'un son ou à l'émotion d'une note.

Pourtant, il faut bien parler de ce concert jeudi soir dans les arènes de Nîmes. Les milliers de spectateurs agglutinés sur les gradins et serrés sur les chaises de la piste « ne mourront pas idiots ». Ils ont vu Miles Davis sous un grand soir. Un de ces moments où l'on comprend mieux que les stars — inaccessibles et distantes — ont une âme. Jeudi soir Miles Davis était heureux de jouer aux arènes.

Plié, recroquevillé sur lui-même comme en a l'habitude, le dos tourné au public au début du spectacle, il s'est peu à peu livré pour finalement répondre aux deux rappels des arènes enthousiastes. On n'y croyait pas. Les mythes sont froids et sans âmes et Miles Davis dégageait ce soir-là une chaleur et une émotion extraordinaire. Pourtant Miles est un mythe I C'est un événement permanent. Il a surpris par son retour en 81 et il surprend par cette tournée 84. Il joue toujours mieux et, à 58 ans, bouge, invente avec encore dans son sillage de nouveaux jeunes musiciens. A côté du fidèle Al Foster, la rotation dans ses formations est toujours caractéristique.

Jeudi soir, même sans Bill Evans que Bob Berg remplaçait au saxo. Miles Davis entre deux envolées « funky » a donné le blues aux arènes. Un blues évanescent comme cette silhouette frêle qui se balade pliée en deux d'un bout à l'autre de la scène.

On est proche de l'irréel. Comment sinon pourrait-il tenir en haleine ces milliers d'oreilles en soufflant simplement des petits sons mous et plaintifs dans son micro H.F. ? « Après ça il n'y a rien à dire ».C'est ce que nous confiait hier à midi Jean-Marc Padovani qui, la veille au soir, après avoir assumé avec beaucoup de talent la première partie du concert, a lui aussi écouté le grand Miles.

Pour Padovani cette première partie comportait un certain risque. Mais après le premier morceau c'était gagné. Le saxophoniste avait la « pêche » et à la fin, un rappel a sanctionné cette épreuve du feu.

Jean-Marc Padovani a sa part dans la qualité de cette soirée qui est la meilleure — personne en doute — depuis le début du Festival de Jazz.

Didier LEVREAU

 

Miles Davis à Juin-les-pins deux jours plus tard, suivre le lien >>> 

http://www.ina.fr/art-et-culture/musique/video/RAC03025793/concert-de-miles-davis-a-juan-les-pins.fr.html#

 

Publié dans Musique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article