DIANE DE POITIERS (2)

Publié le par N.L. Taram

Diane entête

 

CatherineFin du trouble

Fernel le médecin de la cour l'examina, il trouva une anomalie qui empêchait la semence du dauphin d'arriver au terme de sa course. De son côté, le mari avait le membre "tordu dans sa nature" ou le "vit tort" mais il n'était pas stérile. Ces deux anomalies conjuguées il trouva le remède en indiquant une certaine position que le couple, tous deux bons cavaliers, non seulement comprirent, mais mirent en application. Selon ce mode opératoire indiqué par Fernel et maintes fois répété, Catherine mettra au monde 10 enfants.

 

Pendant ce temps...

A la cour, une fois de plus, on se gaussait du membre "dextrogyre", l'histoire du moment racontait que le dauphin allait faire ses prières à l'abbaye "Saint-vit-Tort"... A la mort du roi François Ier, Diane de Poitiers, maîtresse du dauphin, passe au rang de favorite. Sitôt le nouveau roi confirmé par la fameuse phrase "Sire le roi est mort, vive le roi", elle fait immédiatement répudier de la cour, madame d'Estampe, au motif de "femme de mauvaise vie". Pensez donc, elle était la maîtresse du feu roi, de plus, la favorite.

François Ier disait à son sujet, "Souvent femme varie, bien fol est qui s'y fie".

 

L'enjeu:diana poitiers hi

Elle se fait donner immédiatement tous les joyaux de celle-ci. Elle fait virer l'ancienne équipe et y installe tous ses protégés qu'elle fait doter de manière scandaleuse. Avec l'aide de ses amis et du roi soumis à sa maîtresse plus érudite, mieux informée des affaires du royaume et plus apte à les prendre en main grâce à ses hommes de paille... Elle s'attribue le montant d'un impôt "le droit de confirmation" qui en fait, est payé par chaque seigneur pour conserver son titre à la cour du nouveau roi, 300.000 écus du trésor passèrent en un clin d'œil dans la bourse de Diane. Sur les fuites éclairées de ses amis, elle se rend compte qu'il existe une taxe spéciale sur les cloches, elle s'en fit attribuer le montant par le trésor. L'intellectuel du moment, Rabelais, écrivit "Le roi avait pendu toutes les cloches du royaume au col de sa jument". Elle réussit à s'approprier les terres vagues (sans propriétaires connus). Elle réussit à se faire donner les biens confisqués par voie judiciaire, juifs, hérétiques, protestants... Elle dépasse les bornes en se faisant remettre le château de bien royal "Chenonceaux". Toutefois les légistes résistèrent à cette donation. En effet. Il avait été stipulé dans le contrat de vente passé entre le financier BOHIER et François Ier, que ce château devait rester dans le domaine royal. L'ex propriétaire, pouvait donc s'opposer à la donation à une tierce personne. Avec cynisme, Diane fit savoir que le roi lui donnait le château non pas pour elle mais pour les services rendus à François Ier, par feu le sénéchal de Normandie son mari, duc de Brézé. Par corruption, menaces et certainement sévices, en 1555, elle finit tout de même par devenir la propriétaire de ce château royal.

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Un ménage très particulier

La grande Catherine de Médicis, rongeait son frein. A la cour, du roi et de la reine ou du roi et de Diane, seuls les habitués savaient différencier le couple royal, chacun se recevant mutuellement dans ses appartements, c'était la maîtresse qui par calcul sécuritaire, envoyait le roi présenter "ses devoirs à la reine" et de cette manière lui faire des enfants. S'accaparant le roi pour la nuit, et pour elle seule. Dans le phrasé de ce qu'il est convenu d'appeler "le triangle conjugal", Diane était devenue "notre grande amie".

renaissance-chenonceauxOn connaît le fond de la pensée de la reine qui un jour, et pour la seule fois de sa vie, laissa échapper sa mauvaise humeur au nez de la favorite. Celle-ci entrant chez la reine lui demanda ce qu'elle lisait "Je lis les historiens de ce royaume, madame, et je trouve que de tous temps les putains ont dirigé les affaires des rois". Une autre fois, quarante ans plus tard, écrivant à sa fille la reine Margot "C'était le roi, et encore je lui faisais connaître à mon grand regret, car jamais femme qui aima son mari, n'aima sa putain, car on ne peut l'appeler autrement, encore que ce mot soit vilain à dire à nous autres".

 

L'orage et le coup de Jarnac

A la cour la rigolade n'était pas au rendez vous, car les deux bandes rivales, s'opposaient à chaque instant. De temps à autre la reine jetait de l'huile, en vérité tantôt d'un coté tantôt de l'autre, car elle n'estimait pas l'ancienne favorite et avait tout intérêt à rester bien avec la nouvelle qui gérait les visites intimes que son époux lui rendait. Une injure "aurait" été proférée à l'encontre de madame d'Estampes par le dauphin, et ce, du vivant de François Ier, selon les mœurs de la renaissance cette affaire n'aurait pas eu de suite. Mais si la mort du roi et le prochain couronnement du dauphin semblèrent effacer l'affront, notre belle madame d'Estampe restait insatisfaite tant que son honneur ne serait pas lavé. Henri II, heureux de remettre au goût du jour les mœurs de l'époque féodale où la dame choisissait un héros d'arme pour défendre son honneur, autorisa le duel judiciaire.

jarnac chabot

Madame d'Estampe avait comme héros, Guy Chabot, baron de Jarnac, petit homme d'aspect frêle, alors que, La Châtaigneraie grand, habile, sportif dominait nettement son adversaire, il représentait le clan de Diane (par le roi interposé). Une tribune fut dressée en forêt de Saint Germain, le roi ayant à sa droite la Reine, celle-ci peu intéressée, voire morose, semblant à ce moment souhaiter la victoire de la partie adverse. A la gauche du roi, Diane la triomphante, rayonnante même, consommant à l'avance le triomphe de son champion jamais battu à ce jour. Le duel était public. Le sort, ou plutôt les conseils d'un maître Italien en décida autrement. Jarnac ayant appris de ce dernier une botte peu utilisée en France, s'en servit dès les premiers échanges, tranchant d'un seul coup de lame, jarret, tendon et artère de l'adversaire qui s'écroula net. Le roi et sa maîtresse reçurent de plein fouet ce camouflet public.

 

à suivre...

Publié dans Histoire

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S
<br /> <br /> Super le lien ! On a l'impression qu'après la guerre de cent ans, nos aïeux titrés passaient leur temps à se marier et à faire des enfants ! Il faut dire que la mortalité infantile était élevée,<br /> mais quand même ....... Toutes ces frivolités pendant que le bas peuple crêve de faim ne pouvaient que conduire à la Révolution 200 ans après.<br /> <br /> <br /> Ce n'est que mon impression ....<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Vu mes carences en histoire de France, j'avoue que je me régale de tous les détails de ce récit.<br /> <br /> <br /> Mais explique moi Taram : est-ce ce fameux coup de lame qu'on nomme désormais "le coup de Jarnac" ?<br /> <br /> <br /> Désolée de te donner encore du travail supplémentaire mais comme je sais que tu adores fouiner dans tes livres et sur le Net, ça va le faire.<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Bonsoir Sylvie-Anne,<br /> <br /> <br /> En effet, Guy Chabot, baron de Jarnac<br /> <br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Chabot<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> <br /> Je vous présente la nouvelle duchesse de Chenonceaux avec son fils, le prince héritier.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Mis en valeur par les photographies, la lecture est ainsi moins austère. Bravo Taram<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Bonjour Claude,<br /> <br /> <br /> Je fais de mon mieux, mais il faut reconnaitre que le style d'écriture est agréable, voire amusant.<br /> <br /> <br /> <br />