DÉTRUIRE LA MISÈRE

Publié le par N.L. Taram

Extrait d’un article publié le 22 mai 2018 sur

 

La misère augmente

 

….. Lourd pari à venir car la misère augmente quand les politiques s'engraissent.

 

La misère augmente quand les Polynésiens ne sont pas assez formés pour trouver un emploi.

La misère augmente quand des hordes de jeunes loups arpentent les rues de la ville en roulant des yeux furibards vers les passants apeurés, ou se forment en bande pour mieux prouver leur force dans des combats furieux.

 La misère augmente quand 500 SDF hantent les trottoirs. Vous auriez dû monsieur le président construire depuis longtemps votre centre d'hébergement, vous aviez le temps en 5 ans. Vous le promettez dans votre discours d'élection. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?

La misère augmente quand c'est le père Christophe qui généreusement et pieusement nourrit le dimanche ces SDF qui pourraient boutonner sans peine leur veste  s'ils en avaient une, pas comme certains élus boudinés dans la leur.

La misère augmente quand une partie de la population ne vit que par la solidarité de ses concitoyens

 La misère augmente quand les enfants n'ont pour paysage non pas la beauté du lagon, mais la violence familiale, l'inceste et son cortège de silence douloureux.

La misère augmente quand le temps se gâte et que la pluie entre dans les fare avec la boue pour courtisane et qu'en bordure des bidonvilles, les rivières rugissent et parfois les pulvérisent. 

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http://www.tahititoday.net/

 

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Détruire la misère
Discours à l’Assemblée nationale législative

 

Victor Hugo

 

9 juillet 1849

 

 

Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.

 

Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.

 

La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?

Mon Dieu, je n’hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s’il faut dire toute ma pensée, je voudrais qu’il sortît de cette assemblée, et au besoin j’en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l’on ne sonde pas les plaies ?

 

Voici donc ces faits.

 

Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver.

 

Voilà un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté, après sa mort, qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.

 

Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !

 

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !

 

Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m’écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n’est qu’un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n’importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette assemblée n’eût qu’une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l’abolition de la misère !

 

Et, messieurs, je ne m’adresse pas seulement à votre générosité, je m’adresse à ce qu’il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d’une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai par là.

 

Messieurs, comme je vous le disais tout à l’heure, vous venez avec le concours de la garde nationale, de l’armée et de toute les forces vives du pays, vous venez de raffermir l’État ébranlé encore une fois. Vous n’avez reculé devant aucun péril, vous n’avez hésité devant aucun devoir. Vous avez sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable… Eh bien ! Vous n’avez rien fait !

 

Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé ! Vous n’avez rien fait, tant que le peuple souffre ! Vous n’avez rien fait, tant qu’il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n’avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l’âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! Tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! Tant que l’usure dévore nos campagnes, tant qu’on meurt de faim dans nos villes, tant qu’il n’y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! Vous n’avez rien fait, tant que l’esprit de la révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n’avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l’homme méchant a pour collaborateur fatal l’homme malheureux !

Publié dans Société

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A
Je viens de parcourir "Tahititoday", terrible cette véritable information à rapprocher de mon information quotidienne dans "le média". Merci à ces journalistes.<br /> https://www.lemediatv.fr/le-journal/
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A
Victor Hugo fut un grand témoin des ravages causés par les impérialismes comme cette magnifique « lettre au capitaine Butler » relative au sac du palais d’été à Pékin. Hors, l’impérialisme est le stade ultime du capitalisme qui endure dans la crise comme nous le rappelle l’historienne Annie Lacroix-Riz (ci-dessous) et nous assistons régulièrement à cette concentration des entreprises en cartel qui pourrissent les élus contraignent les salaires, licencient, et détruisent les nécessaires politiques de redistribution.<br /> «préoccupés du seul soin de faire fortune, les hommes n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous» - de Tocqueville.<br /> <br /> https://unegrainedansunpot.com/2014/10/20/aux-origines-du-carcan-europeen-1900-1960-la-france-sous-influence-allemande-et-americaine/
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N
Merci André pour le lien, je vais le lire. Comme l'a résumé la journaliste de Tahiti Today, la Polynésie n'échappe pas à la règle et prend le même chemin que la France.