PAUL VERLAINE – POÈMES SATURNIENS

Publié le par N.L. Taram

 

Poèmes saturniens est le titre du premier recueil poétique en vers de Paul Verlaine, publié en 1866 chez l'éditeur Alphonse Lemerre. Paul Verlaine, « poète maudit », n'était pas reconnu pour son art.

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Genèse et publication du recueil

On sait peu de choses de la genèse du premier recueil poétique de Verlaine. La matière en aurait pour l'essentiel été composée, selon leur auteur, à l'époque où ce dernier était au lycée, « en première et en terminale, peut-être même déjà en seconde » La critique moderne n'a pourtant pas accueilli sans une certaine circonspection cette affirmation : « On hésite, sauf pour quelques pièces peut-être comme Nocturne parisien, à croire que la quasi-totalité de ces poèmes étaient écrits dès les années de lycée », écrit ainsi Jacques Borel dans l'édition qu'il a donnée des Poèmes saturniens.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Po%C3%A8mes_saturniens

MON RÊVE FAMILIER

 

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

NEVERMORE

 

Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automne
Faisait voler la grive à travers l’air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
« Quel fut ton plus beau jour ! » fit sa voix d’or vivant,

Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.

— Ah ! les premières fleurs qu’elles sont parfumées !
Et qu’il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !

CHANSON D’AUTOMNE

 

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;


Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Publié dans Littérature

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