LE SOUFFLE DU PACIFIQUE

Publié le par N.L. Taram

Biographie de l'auteur
 
Francis ROUGERIE est océanographe, directeur de recherche IRD à la retraite, spécialiste de la chimie des masses d'eaux océaniques, et du fonctionnement des récifs coralliens et des atolls du Pacifique Sud. Grand plongeur et brasseur d'idées, il témoigne que les profondeurs de l'océan et celles de l'esprit humain nous parlent le même langage, celui du beau, de l'inattendu et du jubilatoire. 
Photo Serge

Photo Serge

Avertissement
 
Dans la palette de mes futurs lecteurs se glisseront, je l'es­père bien, d'anciens collègues chercheurs et néanmoins amis. Et parmi ceux-ci, certains auront navigué sur le N.O. Coriolis, le Navire Océanographique basé à Nouméa (Nouvelle-Calédo­nie), et qui fut pendant trente ans le laboureur infatigable du champ océanique appelé Pacifique sud, le continent liquide de notre planète.
Ce qu'ils liront au début de ce roman leur parlera d'un temps heureux où la recherche océanographique se faisait encore à la main, sans ordinateurs ni satellites de communication, où les grandes étendues salées tropicales cachaient bien des mystères, et où chaque escale, sauvage ou pas, pouvait se transformer en morceau de bravoure. Et ils retrouveront, je l'espère, un peu de la musique et de la magie de ces temps bénis où nous avions (presque) tous moins de trente ans et où nous sautions dans les eaux océaniques chaudes et limpides, palmes au pied, le cœur en bandoulière et le regard curieux, comme aujourd'hui nous sautons dans nos pantoufles.
Ils retrouveront, je l'espère, un peu de la saveur de ces embruns qui fouettaient le pont du Coriolis, de son odeur qui oscillait entre celle du goudron fondu, du poisson séché accroché sous le portique arrière et du formol du laboratoire de chimie. Ils reverront le treuil et la poulie compteuse, les bouteilles de prélèvements descendues sur le câble, courantomètre en tête ; ils réentendront le grondement du treuil de dragage et celui de la chaîne glissant sur l'écubier. Tout ça, j'ai essayé de le maintenir en vie, pour eux, pour nous tous.
Mais, ce qu'ils ne retrouveront pas, c'est la mémoire des dialogues, inventés pour la cause, ni certains détails dont on dit qu'ils sont la cachette du diable. Ils réaliseront alors que c'est bien un roman qu'ils ont entre les mains, pas un compte-rendu de mission océanographique. Ils noteront que, bien entendu, les fonctions, prénoms et surnoms utilisés sont de la plus haute fantaisie. Et ils admettront alors, évidemment, que toutes similitudes, ressemblances et effets de miroir ne sont que des artefacts dus au hasard, et des coïncidences non signifiantes.
Mais j'espère qu'ils iront jusqu'au bout de cette histoire, et qu'en refermant le livre certains se diront : « C'est vrai que dans le fond, tout ça aurait bien pu arriver. »
Car le rêve est fait de la même étoffe que le réel.
Et pour ceux qui n'ont pas navigué sur le Coriolis, ni sur un autre navire océanographique, ni sur quelque océan ou navire que ce soit, je les rassure.
Quand l'imagination est au pouvoir, elle magnifie le rationnel et le réel, et fabrique les récits mythiques, ceux dont les mensonges peuvent dire quelques vérités.
 
Photo  ORSTOM du "Dictionnaire Illustré de la Polynésie"
Ce qui vous permettra de découvrir que si certaines d'entre elles cachées sous les vagues du Pacifique sud ne sont peut-être pas toutes bonnes à dire, ou à remonter des grands fonds de l'oubli, elles sont en tout cas agréables à lire.
Et à ce moment-là, je saurai que j'ai bien fait d'écrire cette petite histoire des antipodes marines, qui parle d'un monde déjà passé, et d'un océan qui semblait alors plus fringant qu'aujourd'hui.
Tout écrivain est une île, battue par le flot du doute.
Tout roman est un voyage intérieur, une destination inconnue pour laquelle on achète un billet, sans connaître la destination.
Tout lecteur est un cannibale affamé, qui absorbe la pensée d'autrui, pour en retirer un surcroît d'envie de vivre.
 
Un extrait :
 
« La tête de Franck dodelina fortement en crevant la surface, et resta maintenue bien au-dessus de l'eau, tirée en arrière par la collerette de la bouée tendue à craquer. Une contraction de la mâchoire lui fit expulser l'embout de son détendeur, qui pendit en fusant légèrement. Franck respirait maintenant à l'air libre, son masque toujours en place sur son visage, inconscient d'être le passager clandestin d un puissant courant qui portait plein nord, et s accélérait dans le large goulet entre la Nouvelle Bretagne et la Nouvelle Irlande, pour déboucher ultérieurement en mer de Bismarck. Et c'est ainsi qu'il quitta le cratère ennoyé de Rabaul, qui l'avait comblé au-delà de ses rêves, et allait lui faire vivre une saisissante tranche de vie. »
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Lire aussi sur ce blog  "La pêche : Ressource ?">>>
 
et de Francis Rougerie  "L'engeance humaine" >>>

Publié dans Littérature, Economie PF

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