MANGAREVA, LA HONTE !
BONNES FÊTES A CEUX QUI EN ONT LES MOYENS !
Saint-Michel de Rikitea: le CAMICA* signe avec le Pays
Publié le 22 décembre 2010 à 17:55
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Cette convention a pour but d'organiser le versement de la participation directe du CAMICA, soit 500 000 euros (environ 60 millions Fcfp) mais aussi des sommes que le CAMICA doit percevoir de l'Association des amis de Saint-Michel (200 000 euros - soit environ 24 millions Fcfp) et de la commune de Rikitea (130 000 euros – soit environ 16 millions Fcfp) telles que convenues lors de la convention-cadre de financement tripartite Etat-Pays-CAMICA signé en 2009…….
* CAMICA : Conseil d'Administration de la Mission Catholique
Rappel d’un article publié le 16 février 2010
Lancement des travaux de restauration de la cathédrale de Rikitea
le 13 février 2010 à 14:20 | source: Tahitipresse
Un chantier qui a exigé un investissement de 4 050 000 € soit 483 293 556 Fcfp auxquels particpent : l'Etat, 1 500 000 € HTVA (178 997 613 Fcfp) ; la Polynésie française, 1 050 000 € (125 298 329 Fcfp); l'Eglise catholique, par l'intermédiaire du CAMICA, 500 000 € (59 665 871 FCP). À ces participations, s'ajoutent les sommes, estimées pour un montant global de 1 000 000 € soit 119 331 742 FCP, reçues de mécènes, de l'association "Sauvons la cathédrale de Rikitea" et de la commune.
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Cette
cathédrale, ainsi que la dizaine de bâtiments annexes, représentent le colonialisme et l’intégrisme religieux dans ce qu’ils ont de plus abject.
N’y a-t-il pas d’autres investissements ou travaux à réaliser au profit de
ce millier d’habitants. Il est vrai que cette cathédrale peut en accueillir le double, donc faute d’être soignés ou scolarisés les Ma’areva pourront au moins sauver leur
âmes !!!
Amen…
Avons-nous perdu la mémoire ? Petit rappel….
Puisqu'elle n'était pas encore évangélisée, Mangareva fut choisie en 1834 par la congrégation des Sacrés-Cœurs
comme base pour établir la première mission catholique en Polynésie orientale. L'évêque et les huit prêtres, frères et laïcs, qui s'installèrent à Mangareva en 1834-1835 étaient tous très jeunes
et dynamiques. Ils réussirent en trois ans seulement à convertir et à baptiser tous les habitants, lesquels détruisirent ensuite leurs marae. Le port de vêtements européens, même sales et
déchirés, fut dès lors jugé préférable à la nudité simple mais immorale qui prévalait aux temps païens. De nouvelles lois, réunies en un Code mangarévien, inspirées des dix commandements et du
code Napoléon, furent imposées aux insulaires. Les missionnaires s'efforcèrent aussi de combattre l'oisiveté et d'inculquer les valeurs des peuples industrieux de l'Europe aux habitants des îles.
Tandis que les femmes, sous l'égide des frères laïcs, apprenaient à cultiver le coton, à filer et à tisser dans dix ateliers disséminés à travers l'archipel, les hommes étaient initiés aux
métiers de maçon et de charpentier et ils apprenaient à fabriquer la chaux, nécessaire à la construction d'églises solides, en brûlant du corail.
Du commerce avec le monde extérieur résulta l'introduction de maladies. L'hygiène fit dangereusement défaut dans les ateliers et les nouvelles cases en dur, de modèle européen. Personne n'ayant
plus le temps de cultiver et d'aller à la pêche, la farine, le riz et les haricots secs remplacèrent rapidement les légumes frais et le poisson. Avec le déboisement général, dû à la demande
excessive de bois pour la cuisson de la chaux, les rivières et les sources tarirent. Les maladies se répandirent et les enterrements devinrent presque quotidiens. Lorsque le dernier bâtiment
religieux, l'imposante cathédrale Saint-Michel de Rikitea, bien conservée jusqu'à nos jours, fut terminé en août 1841, l'archipel ne comptait plus que 2000 personnes, contre le double dix ans
plus tôt. Cette situation changea brusquement en 1870, après la chute de Napoléon III et l'instauration de la IIIe République. Un rapport très critique sur la théocratie des Gambier entraîna la
disgrâce du père Laval et son exil à Tahiti. Dès lors, le commissaire de la République, Isidore Chessé, obtint facilement des chefs mangaréviens qu'ils acceptent l'annexion des Gambier par la
France, la tutelle de l'administration leur semblant préférable à celle de l'Église. Depuis cette époque, la population de Mangareva n'a guère augmenté puisqu'en 1900 on l'évaluait à 500
personnes et à 547 au recensement de 1983.
(extrait du Dictionnaire Illustré de la Polynésie)
L’ancien temple païen de
Rikitea
Mais cela ne fut pas la seule calamité que durent subir les Ma’areva.
A la fin de mai, Bruno Barrillot, éditeur de la revue Damoclès de l'Observatoire des armes nucléaires françaises (CDRPC), l'association des vétérans des essais nucléaires français (Aven) et Roland Oldham de l'association Moruroa e tatou ont présenté à Tahiti des rapports et correspondances militaires concernant les deux premières campagnes de tirs de 1966 et 1967 en Polynésie française. La plupart de ces documents sont estampillés « Secret » ou « Confidentiel défense ». Il s'agit des mêmes documents (augmentés de quelques autres) que le journaliste Vincent Jauvert du Nouvel Obs avait pu consulter, par accident, aux archives militaires en 1987. Suite à la publication d'un long article (TPM n° 83, mars 1998), le ministère de la Défense avait reclassé ces documents « Secret Défense » pour une période de 60 ans.
Mais l'un des acteurs de l'aventure du nucléaire dans le Pacifique avait gardé des copies de ces archives, peut-être parce qu'il était tourmenté par des remords ou par une obligation à l'égard des populations des îles Gambier et Tuamotu. Quoi qu'il en soit, il prit des dispositions pour qu'après son décès ces documents soient remis à l'association de M. Barillot, lequel a prouvé depuis 20 ans le sérieux de ses combats contre les armes nucléaires.
Ces documents de 1966 et 1967 prouvent incontestablement que les premiers essais atomiques « sales » car « sur barge » à Moruroa avaient été suivis « d'effets » inattendus (retombées « non maîtrisées »). Les documents démontrent que les services chargés de la sécurité ou de la protection radiologiques étaient en fait soumis à l'impératif des programmes d'essais nucléaires qui primait. Les rapports du SMSR (Service mixte de sécurité radiologique), un organisme allié au CEA (Commissariat à l'énergie atomique) signalent parfois les problèmes de radioprotection, mais aucun ne remet en cause le programme d'essais en raison des risques pour les populations.
La position des îles Gambier se situe dans la direction des vents stratosphériques (jet stream) qui poussaient les nuages radioactifs depuis Moruroa et Fangataufa. Les autorités, avaient voulu avant même le début des essais porter une attention particulière aux populations des Gambier, mais on lit que les recommandations des experts n'ont pas été suivies par les « expérimentateurs ». Les raisons invoquées pour passer outre, même après le constat de retombées radioactives importantes sur les Gambier, se rapportent principalement à la priorité à donner aux essais. A la lecture de certains passages de ces documents transparaît un mépris des populations.
Certains documents diffusés auprès d'un nombre très restreint de destinataires constituent de véritables cris d'alarme alors que d'autres minimisent les effets des essais, dont ceux destinés à l'ONU. Ils montrent aussi que les données fournies par le ministère de la Défense en 1998 pour l'enquête de l'AIEA (Agence internationale pour l'énergie atomique) sont loin de refléter la réalité sur ce qui s'est réellement produit en 1966 (lire TPM n° 87, juillet 1998). Ces documents confirment aussi la véracité de tout ce que Tahiti Pacifique avait publié dans de nombreux articles depuis 1991.
Aujourd'hui, ils devraient surtout aider les scientifiques à comprendre certaines des maladies qui affligent les habitants de Polynésie française et les anciens travailleurs des sites nucléaires. Alors que les rapports du Dr de Vathaire de l'INSERM (TPM n° 88, août 1998) dévoilaient déjà que l'incidence des cancers parmi la population augmentent à fur et à mesure que l'on se rapproche de Moruroa, ces mois derniers des épidémiologistes ont démontre que les anomalies chromosomiques sont trois fois plus importantes chez les patients polynésiens atteints de cancer de la thyroïde que ceux d'un groupe de controle de patients européens. Ces chercheurs indépendants suggèrent que, là encore, ces anomalies sont imputables aux expérimentations nucléaires. Pourtant, le très officiel Comité de liaison pour la coordination du suivi sanitaire des essais nucléaires français qui était venu à Tahiti et Moruroa en avril 2005, juge que la « probabilité de constater un effet des radiations ionisantes apparaît faible ».
Lors d'une visite à Mangareva pour informer la population suivie par une conférence de presse à Papeete, M. Barillot condamna la « mauvaise foi des autorités » en montrant les relevés « des retombées radioactives considérables sur les îles et atolls habités dans l'archipel des Gambier... preuves qu'on a trompé les populations sur la réalité des retombées radioactives » et que le premier essai a précipité sur les Gambier des retombées radioactives « 140 fois plus fortes que dans la zone interdite de Tchernobyl » et que cela « explique l'ampleur des problèmes de santé subis, non seulement par les anciens travailleurs de Moruroa, mais aussi par l'ensemble de la population de la Polynésie. »
Pour
une énième fois, il exige au nom des associations «toute la vérité sur les essais nucléaires effectués», que «soient rendus accessibles toutes informations et documents . Pour la première fois,
le maire de la commune de Mangareva participa à cet appel.
Démenti de la Défense et du sénateur Flosse qui se ravise vite
Comme d'habitude, le ministère de la Défense démentit depuis Paris « de la façon la plus formelle (...) toutes ces allégations sans fonde ment », en rappelant « la mission de l'AIEA » de 1998 et les « travaux de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques publiés le 5 février 2002 », pourtant toutes deux des instances proches du "lobby nucléaire" (on n'est jamais aussi bien contrôlé que par soi-même !). Il conclut avec la langue de bois usuelle que « les dispositions prises étaient conformes aux réglementations en vigueur à l'époque » et que « les archipels de Polynésie française font toujours l'objet d'une surveillance radiologique, y compris les îles Gambier ».
A Tahiti, la presse questionna au sujet de ces documents le sénateur Gaston Flosse qui rentrait de Paris. Il répondit l'usuel « d'éventuelles retombées, je n'en ai pas entendu parler » (Les Nouvelles, 24/05) ce qui fit bondir l'association Moruroa e tatou qui publia un communiqué dévoilant que « Gaston Flosse était présent lors du premier essai nucléaire du 2 juillet 1966. Il était conseiller de gouvernement et accompagnait le général Billotte, ministre des Territoires d'Outre-Mer avec d'autres élus du Territoire. Il a assisté au premier essai nucléaire depuis le village de Taku, Mangareva à 5h34 du matin. » Quelque temps après, on informa le ministre de l'arrivée du nuage radioactif sur l'île de Mangareva et « suite à cette information, le ministre et sa suite, dont monsieur Gaston Flosse ont repris l'hydravion Bermuda en direction de Papeete. » Et de rappeler que « l'abri pour la population de Mangareva n'a été construit qu'en 1968, après neuf essais atmosphériques de 1966 et 1967. Il est à noter une grande différence entre l'abri des militaires fait en béton et en fer d'une épaisseur déplus de 50 cm, alors que celui de la population de Mangareva est constitué de simples tôles ou plastiques. On pourrait déduire que les Mangareviens ont une résistance supérieure à la radioactivité à celle des militaires français ».
Réalisant certainement le ridicule de continuer à défendre bec et ongles la position de l'Etat devenue intenable depuis la publication des documents, M. Flosse virevolta le 27 mai en demandant à l'assemblée de P.F. la création d'une commission d'enquête afin « d'éclaircir [si] les essais atmosphériques réalisés en P.F. auraient pu être dangereux pour les populations des Iles Gambier » tout en annonçant que « prochainement à Paris, il entend aborder cette question avec le président de la République ».
A.d.P
(Extrait de TPM n° 170 de juin 2005 avec l’aimable autorisation de Tahiti Pacifique Magazine)