L'ODYSSÉE
Non, ce n'est pas d'Homère dont je vais vous parler. Homère, romancier grec, aujourd'hui décédé, qui a écrit notamment "L'Iliade", sur la guerre de Troyes, préfecture de l'Aube, (qui finalement n'a pas eu lieu d'après Jean Giraudoux) et "L'Odyssée" qui raconte la croisière en Méditerranée d'un certain Ulysse (pas Grant, 18ème président des États-Unis).
Ce sont les souvenirs d'une expédition de notre ami Guy vers Athènes, capitale de la Grèce. La Grèce, pays béni des Dieux au point que maintenant l'on dit à une personne dans la peine "vas te faire voir chez les grecs".
A l'époque de cette expédition, la photo n'avait pas encore été inventée, je vais donc agrémenter ce texte avec des images et des peintures d'époque.
(Cette préface se veut humoristique, j'espère que vous ne m'en voudrez pas)
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Souvenirs, souvenirs...
LE CANAL DE CORINTHE
J'ai emprunté ce canal en juillet 65, pas encore 20 ans, pour mon premier voyage en Grèce où je devais rejoindre des copains à Athènes, avant d'embarquer pour l'archipel des Sporades (150km au Nord d'Athènes) car nous trouvions (déjà) que les Cyclades et Mykonos étaient trop touristiques !
Parti en autostop de Chambéry avec mon sac à dos et mon p'tit drapeau français cousu dessus, j'avais rejoint Gênes via Grenoble, la Route Napoléon, Nice, San Remo, puis Viareggio, Livourne.
Galilée à Pise
J'avais déjà visité l'intérieur de la Toscane deux ans avant grâce à un prix gagné dans un concours d'éloquence - mais voui, mais voui! - organisé par le Rotary Club de Savoie qui m'avait valu un séjour d'une semaine à Florence - transformée en 12 jours grâce à une grève providentielle des chemins de fer Italiens! et d'où j'avais pu découvrir Pise, San Gimignano et Sienne puis Rome, enfin la gare de Rome (je n'ai découvert Rome que l'an dernier!) car j'étais pris par le temps et c'est des fenêtres du train de nuit Roma Termini-Lecce que j'ai vu la coupole du Vatican.
Après 6 ou 7 heures de banquette en bois de 3ème classe et à moitié mort de soif, je débarquai au matin à Brindisi, petit port somnolent de l'Italie du sud d'où partaient les ferries pour la Grèce et la Turquie.
Le voyage d'Ulysse
Le mien portait le doux nom de Vénus mais quand je l'ai vue à quai, toute de guingois, avec une gite de 15°, des larmes de rouille dégoulinant sur sa coque autrefois blanche et des grappes de "d'jeuns" (comme moi) agglutinés aux bastingages, je me suis dit que cette Vénus-là avait sans doute un peu trop usé de ses charmes. Mais sitôt à bord et malgré les effluves de mazout et l'inconfort des tôles du pont, assis contre mon sac et le nez en l'air, je ne sentis plus que l'air du large avec cette griserie irrépressible, comme un bouillonnement intérieur qui part du ventre, vous emplit la poitrine et explose en un tremblement de tout vos membres, enfin presque tous...
Frise du Parthénon
C'était la grande époque des kibboutz et j'ai vite réalisé que, hormis quelques anglais, néerlandais, allemand(e)s et suédois(e)s - rmmm! comme dirait DSK - j'étais apparemment le seul gaulois à bord, quatre vingt pour cent des passagers étaient des jeunes juifs qui se rendaient en Israël et avec lesquels j'ai passé la nuit à brailler sans les comprendre les paroles de Hava Nagila.
Au matin, après quelques heures de navigation depuis Patras jusqu'à l'isthme de Corinthe, Vénus, encore inconsciente de sa métamorphose, s'est faufilée entre les parois sombres du canal qui semblait vouloir nous écraser comme les mâchoires d'un étau géant, puis la clarté est revenue comme quand on approche de la sortie d'un tunnel et c'est Aphrodite qui, triomphante mais toujours de guingois, fendit l'outremer du golfe de Salonique en direction du Pirée.
L'Acropole d'Athènes (Thomas Ender)
Bientôt l'Acropole et le Parthénon de mes livres d'histoire, les coupoles des monastères et les popes, hussards noirs de l'église orthodoxe, les cafés aux volets bleus et leurs habitués exclusivement masculins égrenant sans fin les perles de leur komboloï, avec la moussaka, les souvlakis, l'ouzo et le poulpe grillé, mais surtout la découverte brutale d'une Grèce très orientale au quotidien, bien plus proche de son ennemi héréditaire la Turquie et de ses voisins du Proche Orient que de l'Europe occidentale, ce que mes livres scolaires m'avaient bien caché, ébloui que j'étais par la statuaire antique et le "classicisme" de la civilisation gréco-romaine...
Si vous ne vous êtes pas endormis avant la fin, je vous souhaite une bonne journée.
Guy
Statuette hellénistique de Tanagra