LE COPAIN D’ENFANCE

Publié le par N.L. Taram

La publication, le 2/10/2015, de l’article « C'était un temps déraisonnable » et, en particulier, le diaporama « Nés entre les années 1935 et 1960 » m’a remis en mémoire mes copains de jeunesse, Georges et Gérard.
 
Vers 1945, ma famille quitte Celleneuve pour s’installer à Montpellier, au 12 de la rue Chaptal. Notre maison est à l’angle de cette rue et de la rue des Pins ; Gérard habite la maison mitoyenne et Georges trois maisons plus loin ; enfin, nous allons à la même école Renouvier située à 200 mètres.
Capture Google Earth

Capture Google Earth

Je ne rentrerai pas dans le détail de nos jeux, nos escapades, nos disputes,… tout cela se trouve dans l’excellent diaporama publié le 3 janvier dernier. Nous jouons aux billes, aux osselets, au Meccano, aux soldats de plomb, au football dans la rue des Pins. L’été nous allons galoper dans les chemins hors de la ville, jouer aux indiens… et faire pas mal de bêtises.  Je pourrai écrire un livre sur nos « 400 coups », mais banal et courant, tout cela…
Vers 1953, mes amis continuent leur scolarité au collège technique et moi au lycée classique ; nous ferons connaissance de nouveaux amis, habitants dans d’autres quartiers et, de ce fait, nous nous fréquenterons moins souvent. Ce qui nous empêchera pas de faire encore des bêtises, en particulier avec mes nouveaux amis ; enfin cela est une autre histoire.
 
Mais je vais vous parler de Georges car nous nous retrouverons une dizaine d’années plus tard.
 
Á 18 ans, Georges s'engage dans la marine et je ne le reverrai qu'en 1960. En fait, je le verrai très peu, il sort rarement, ne parle à personne et semble "absent". J'apprendrai quand même qu'il a beaucoup navigué et surtout dans le Pacifique. Quelques temps après, il disparait ; je demande des nouvelles à son père : "il est parti à Marseille pour s'embarquer sur un bateau et retourner à Tahiti". Fin de l'épisode, je n'y pense plus...
..........
 
Le 24 juillet 1963 à 0h15, c'est moi qui débarque à Tahiti ; cela est un pur hasard, ce n'est que la veille de prendre l'avion que nous avons connu la destination, Papeete. Une année s'écoulera très rapidement entre les travaux, les loisirs, les bringues et la balade dans les Tuamotu du sud, je ne penserai à aucun moment à mon copain Georges.
 
Puis, début juillet 1964, l’armée me renvoi brusquement en France. Mon séjour sera de courte durée car j’en reprendrai pour deux ans au 5ème RMP à Tahiti. Toutefois, je demanderai au père de Georges, s’il se trouve toujours à Tahiti et son adresse. Adresse peu précise, mais il travaille au PTT, service technique situé à Pirae. Je prends note et repart à mon tour pour la Polynésie. Je me souviens avoir eu le même comportement que lui durant son court retour en France.
 
De retour à Tahiti, je loge à Pirae, chemin de l’Hippodrome et à deux pas du service technique des PTT. Je me renseigne, il n’y est plus, mais serait devenu le postier de l’île Tubuai située dans l’archipel des Australes, pas d’avion et une rotation bateau par mois. J’oublie, les années s’écoulent….
LE COPAIN D’ENFANCE
En 1969, c’est lui qui va partir en congé en France, accompagné de son fils ; il ne sait pas que je me trouve à Tahiti. Arrivée à Montpellier, il demandera de mes nouvelles à ma mère qui lui dira que je vis à Tahiti et que je viens de prendre la gérance du snack du marché de Pirae. Peu après, un beau matin du mois d’aout, je le vois qui débarque dans mon snack accompagné de son fils. Embrassade et longues discussions…
Quelques jours après, il embarque pour Tubuai. En mars 1970, c’est moi qui m’exilerai en Nouvelle-Calédonie.
 
Á mon retour à Tahiti début juillet 1971, nous nous écrirons régulièrement et il viendra souvent me rendre visite. Mais cela ne sera pas dans la joie de nous revoir ; en fait, il souffre d’un ulcère à l’estomac et vient à Tahiti pour des raisons médicales. Avant de venir, il doit attendre son remplaçant qui arrive par bateau ; il embarque sur ce même bateau pour le retour et, même si ses soins sont de courte durée, il devra attendre le prochain bateau pour retourner à Tubuai. Bien sur, il sera toujours accueilli chez moi à bras ouverts.
Mahaena, mai 1975 - les enfants de Georges et les deux miens

Mahaena, mai 1975 - les enfants de Georges et les deux miens

Enfin en 1975, il viendra me rendre visite, accompagné de son épouse et de ses trois enfants. Ce n’est pas pour des vacances, mais pour subir une importante opération. Cette opération est immédiatement interrompue… c’est un cancer très avancé. Il sera de suite évacué sanitaire en France, ses parents sont prévenues. Il sera hospitalisé dans un hôpital de Montpellier.
 
En juin 1975,  j’apprenais son décès…
Nous aiderons, ma compagne et moi-même, son épouse dans les différentes démarches...
Sa dernière lettre
Sa dernière lettre

Sa dernière lettre

Lors de notre premier séjour en France en 1981, j’apprenais le décès de Gérard, l’autre copain d’enfance. Ainsi va la vie…
 
Á près de 75 ans, tout cela me revient en mémoire et je me sens parfois bien seul.

Publié dans Souvenirs

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J
Et oui Taram, plus on prend de l'âge et plus on s'interroge sur le sens de la vie, enfin pour ceux (ou celles) à qui il reste quelque chose entre les eux oreilles. Orson Welles avait raison: " On naît seul, on vit seul et on meurt seul. C'est seulement à travers l'amour et l'amitié que l'on peut créer l'illusion momentanée que nous ne sommes pas seuls."
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N
Bonjour Jacques et merci pour ton commentaire, c'est tout à fait ce que je pense. Après avoir publié le diaporama précédent, j'ai rêvé toute la nuit à ce copain d'enfance. Et le lendemain matin, j'ai écrit...