MÉMOIRES D'OUTRE-MER (5)
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Suite des "Mémoires d'Outre-mer".
Je terminais le précédent chapitre par "...Mais pas déçu, je reviens à Tahiti en ayant acquis de nouvelles expériences...". Par exemple, j'ai enfin réussi à passer le bac.... celui de la Tchamba en Nouvelle-Calédonie.☻
(avec des extraits de lettres adressées à ma mère, datées et entre-guillemets)
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I - Retour à la source
Nous voilà à la mi-juin, de retour à "Cythère". Nous sommes partis de Tahiti à deux et nous y revenons à trois... et pour très bientôt un ou une quatrième.
Après avoir été hébergé quelques jours chez une sœur de ma compagne, je retrouve avec plaisir l'une des maisons que nous avions occupées avant notre départ, rue Yves Martin à Pirae. Je fais l'acquisition d'une minuscule Fiat 500 et je trouve immédiatement du travail chez Ping-Pong que tous les anciens de Tahiti connaissent bien : librairie, bouquiniste, brocante, bureau de tabac.
Pirae, rue Yves Martin, le 7 juillet 1971
J'écris à ma mère :
le 18/07/1971 - "... Pour mon travail, ça va. Je travaille énormément (9 à 10 h par jour) car il y a beaucoup de retard. C'est la 1ère fois que je fais de la comptabilité pure de la caisse jusqu'au bilan ; il faut que je me replonge, de temps en temps, dans les bouquins de classe (heureusement que je travaille pour un libraire)...."
Le 25 juillet, je suis au travail comme d'habitude alors que ma compagne est à la maternité. Vers midi , l'infirmière me téléphone "c'est une fille, quel prénom ?" ; le patron, un vieux russe qui était déjà content que mon fils se prénomme Serge, me propose Nathalie (je m'attendais à Natacha). Nathalie est un prénom d'origine russe, je suis d'accord, Serge et Nathalie... OK !
Ce travail est passionnant, je me replonge dans la lecture que j'avais laissé de côté depuis quelques temps. Mais cela ne durera pas, je me rends bien compte que le patron est trop attaché à son entreprise.
Le 11 janvier 1972, je deviens le comptable du Journal de Tahiti.
le 20/02/1972 - "... la place promet d'être intéressante, mais pour le moment, je patauge dans la pagaille ; on m'a d'ailleurs embauché pour organiser l'administration. Donc en ce moment, je fais 10 à 12 heures par jour de comptabilité et souvent le dimanche (je tiens aussi la comptabilité de mon ancien snack-bar au marché de Pirae)...."
Le Journal de Tahiti... J'y resterai 15 mois. J'en garde de bons souvenirs malgré le travail difficile et de nombreuses difficultés. Les collègues qu'ils soient de l'imprimerie ou de la rédaction, sont sympathiques et la plupart sont encore des amis à ce jour.
Le 06/10/1972 - "... J'ai sur les bras : une cinquantaine d'employés, 3 à 4 millions (francs cfp) de chiffre d'affaires par mois, une dizaine de millions de dettes, 1.200 abonnés, 150 dépôts en magasin, 300 à 400 clients en publicité ou imprimerie et une quinzaine de fournisseurs répartis dans divers pays..."
Mais le plus gros problème, c'est que mon prédécesseur n'a laissé aucune archive, aucun dossier, aucun fichier ; de plus, depuis 3 ans aucune déclaration de salaire n'a été déposée à la CPS (caisse de prévoyance sociale). Trois ou quatre jours après mon installation, je reçois la visite d'un huissier qui vient pour une saisie...
Eh bien, tout cela est un excellent apprentissage ; à mon départ, ces retards étaient épongés.
II - Les retrouvailles familiales
Le 03/11/1972 - "... Car si la France ne me tente plus, je n'ai pas oublié ma famille et tout les heureux moments que nous avons passé ensemble. J'ai sous les yeux une photo prise à Paladru (Isère) avec Simone, Josiane, Michel et moi et ça parait invraisemblable que chacun de nous ait fait son chemin de son côté et que, de temps en temps, un de nous disparaisse définitivement comme si tout n'avait été qu'un rêve."
Ma mère vient nous rendre visite pour trois mois ; trois mois de bonheur partagé pour nous tous...
Je lui ai expliqué qu'elle pouvait venir pour tout le temps qu'elle souhaiterait et que cela me reviendrait moins cher que si nous allions tout les quatre en France. De plus compte tenu de mon travail, je ne peux pas prendre de congé.
Courant mars 1973, changement parmi les actionnaires de l'entreprise, le principal actionnaire souhaite confier mon poste à une personne de sa famille. Pas de problème pour moi, un concurrent me contacte aussitôt et me propose le même poste dans son entreprise.
Á compter du 1er avril, je travaillerai donc pour l'imprimerie Multipress. Nouveaux collègues sympathiques donc certains anciens du Journal ; nous avons droit à nos portraits par notre collègue dessinateur Jean-Michel.
Après m'être bien formé à la comptabilité d'entreprise jusqu'au bilan annuel chez Ping-Pong, je me suis formé à la délicate gestion d'une entreprise en difficulté au Journal de Tahiti, cela en m'intéressant au fonctionnement d'une imprimerie et d'un journal. Me voilà maintenant dans une imprimerie où, outre la gestion, je pourrai m'occuper de ce travail d'imprimeur, de la création d'un document, son impression, sa reliure, sa diffusion. Passionnant...
Le 05/11/1973 - "... Je comptais prendre des congés le mois dernier, mais la société Multipress a acheté le quotidien "Les Nouvelles de Tahiti"..."
Alors là, je suis gâté, une bonne équipe, un travail qui me plait, des discussions avec des visiteurs, des journalistes, des hommes d'affaire, des politiques,... Je m'intéresserai à la rédaction d'un journal et, de temps en temps, le rédacteur en chef m'autorisera à publier un petit article sur le jazz.
Et j'aurai droit, là aussi, à une caricature....
Parallèlement avec des collègues d'autres journaux et imprimeries, nous entreprenons une tâche utile pour l'avenir de cette activité : la rédaction d'une convention collective de la presse et de l'imprimerie. Nous travaillerons sur ce sujet pendant un an et le 31 décembre 1975 nous signons enfin ce texte.
"La convention collective du Bâtiment est signée le 18 septembre 1975. Tous les secteurs suivent, l'Imprimerie et la Presse (31 décembre 1975), le Commerce ( 14 décembre 1976), l'Industrie (7 avril 1977)." Extrait du livre de Philippe Mazellier "De l'atome à l'autonomie".
Le 12/06/1974 - "... Les travaux sur le lagon ont fait le tour du plan d'eau devant la maison (Pirae, rue Yves Martin) et si j'ai toujours accès à la mer, tous les pâtés de corail sont morts et il n'y a plus de poisson. Aussi j'ai vendu mon bateau et mes gros moteurs. J'ai gardé le petit bateau et petit moteur que je laisse à Hitiaa (le district où il y a les petits îlots)...".
Le 31 mars 1977, je quitte Les Nouvelles pour prendre la responsabilité de la gestion et des finances d'un institut de recherche scientifique. Une nouvelle aventure qui durera 23 ans...
à suivre...
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